Me voici donc seul sur la terre.
Le pas sûr, mon corps avance instinctivement vers ces paysages gracieux. Mes yeux tentent de saisir les perpétuelles nuances de cette nature mais il faudrait s’immobiliser toute une vie pour réussir pareille entreprise. Bientôt le chemin s’effacera et je jouerai de cette musique défait de toute partition. Si le monde se sépare de l’empreinte de nos passages, je connais la route.
Le pas sûr, je traverse les miracles et je m’émeus de la vie environnante. Mes pieds épousent le décor changeant et chaque étreinte avec cette terre nourrit mon désir de chasser l’horizon. Les oiseaux migrateurs dansent au vent qui accompagne mon effort. Les fleurs se réjouissent du souffle qui annonce le début des amours. La neige en haut des cimes prend appui sur ce murmure pour rejoindre le ciel.
Le pas sûr, j’accueille les caresses du soleil sur ma peau. Ces bras chaleureux se déploient au-dessus des sommets et donnent naissance aux couleurs des plaines florissantes. Dans les forêts débute l’incessant bal entre ombre et lumière. Chaque feuille abrite une cascade gelée et se laisse enlacer brièvement par cette chaleur retrouvée. Bientôt les insectes viendront s’abreuvoir de l’eau fraichement délivrée par l’union des matins.
Le pas sûr, je m’approche des lieux préservés des désirs d’expansion de tous végétaux. Peu de merveilles subsistent si loin des mers. L’orchestre laisse place aux chants des hauteurs inaccessibles et souvent encore vierge de rencontre. La mélodie de silences interprétée par ces lieux anonymes annonce la fin de l’ascension. Je contemple la cohérence de cette architecture singulière.
Les réponses engendrées par notre dialogue muet emplissent mon être de plaisir.
Antoine T.