Nous avons fait de nos intérieurs des ilots d’aventures. Privés des océans, nous avons jeté l’encre sur nos plages. L’horizon ne nous a pas été enlevé mais c’est depuis nos fenêtres que nous l’explorons. Nos outils de navigations sont restés aux tiroirs et les cartes ont changé. La grande voile n’abrite plus le vent de liberté. C’est un jour connu que nos bras hissent au matin.
Il nous reste les nœuds de nos existences dont on ne sait quoi faire. Nos navires sont à quais mais il reste bien des voyages à entreprendre. Le mistral souffle encore sous la porte, il nous murmure d’ouvrir ces bouteilles jetées à la mer. Des mots qui ont quitté navire trop tôt, des amours ardents, des appels des poètes solitaires, des déclarations avortées et de tous les autres maux… Partir à l’abordage de nos inspirations et s’amariner dans ces eaux inconnues. Trouver des radeaux de fortune pour nous emporter loin des plages encombrées.
Nous avons bâti des phares mais le temps est à la dérive.
La liberté du marin est à portée de main, il suffit de fermer les yeux et d’accueillir l’écume de nos désirs. Lâcher la barre, entreprendre des manœuvres près des côtes ou dans le creux des vagues de leurs courbes. Naviguer au gré des souffles et des sens de nos courants intimes. Se réjouir de ces traversées sans assistance et des changements de caps incertains. Hissons ensemble un pavillon de courtoisie afin se perdre dans ces eaux de plaisirs partagés.
Antoine T.