Quand je reste à regarder le temps, très vite le temps – qui lui ne reste pas – m’angoisse. Il me faut faire quelque chose. Je suis confinée chez moi, l’école où j’enseigne est fermée et je n’ai aucune famille à charge, et pourtant il y a trop de choses à faire pour que j’apprécie regarder le temps.
Bien sûr, ce n’est pas vrai. Il n’y a pas trop de choses à faire. La vérité, c’est que je ne veux pas rester à regarder le temps.
L’angoisse est discrète. J’ai l’air détendu, je souris, je n’ai pas mal au ventre et, en fait, ma situation ne me déplaît pas. Je suis même contente de réaliser toutes ces choses que je m’imagine devoir faire. Mais l’angoisse est là. Alimentée par l’absence de fatigue physique, elle me pousse à l’hyperactivité et envahit mes nuits de rêves dont je me réjouis de me réveiller.
Heureusement, il existe des feintes pour tromper l’angoisse. Il suffit de lui faire croire que vous faites quelque chose, alors que vous êtes aussi près que possible de rester à regarder le temps. Pour atteindre cet état de vive léthargie ou de contemplation active, je ne connais que deux solutions : la lecture et l’écriture. Je peux imaginer que la musique a un effet similaire sur ceux qui l’écoutent attentivement. J’exclus cependant le sport, qui va à l’encontre de « rester », et la consommation de films, séries ou spectacles, qui est souvent trop passive.
Peut-être avez-vous d’autres techniques. Celles-ci sont les miennes pour réussir l’exercice, plus subtil qu’il n’y paraît en période de confinement, de rester à regarder le temps.
Louise B.